Après vous avoir laissé méditer quelques instants sur le bon sens du proverbe ci dessus, je vous emmène dans le marais. 

J'en entends un au fond qui dit: "encore!".

Ben oui et pour deux raisons:

1. c'est mon site et je fais quoi c'est que je veux
2. j'ai envie de vous montrer quelques piafs que je les aime bien.

Alors ceux qui n'auraient pas aimé la page "Mystérieux marais" peuvent avancer d'une case, et toc!

La Bernache du Canada est une grande et grosse oie originaire d'Amérique du nord et introduite en Europe au 19° siècle. Depuis, elle s'est acclimatée au vieux continent.

Son manque total de discrétion trahit sa présence dans le marais.

Et que dire en vol! Avec ses 5 kilos, son mètre cinquante d'envergure et ses coups de trompette à répétition, elle ne peut pas passer inaperçu.

Alors bien sûr le décollage de ce gros porteur est aussi bruyant que peu délicat.

Même sur l'eau elle ne peut s'empêcher d'ouvrir sa goule. Toujours une réflexion à faire, jamais satisfaite.

Bref, si vous aimez le calme, c'est une voisine à éviter.

En fait, la plupart de ces gros oiseaux habitant le marais sont fort bruyants. Ils s'y regroupent en colonies, par espèce et c'est à qui rendra l'autre sourd au printemps.

L'aigrette garzette ne fait pas exception et je vous assure que son ramage n'est pas aussi délicat que son plumage.

Parlons-en de son plumage. En période nuptiale comme vous la voyez ici, 2 longues et fines plumes ornent la nuque de l'animal. Les dames du 19° siècle, voire après, trouvaient çà "trop chou" sur un chapeau. Alors elles envoyaient leurs maris en cueillir à coups de fusil. L'espèce a bien failli s'éteindre.

Maintenant protégée, l'aigrette se porte mieux.

Précision pour les moins dégourdis: 

j'ai bien parlé de fine aigrette ornant la nuque de l'animal et non de vinaigrette ce qui serait incongru.

J'adore le héron cendre. Le héron cendré est mon ami.

Le héron cendré est un bon client, il sait jouer tous les rôles.

Il est tour à tour majestueux, farceur, débonnaire, sage mais toujours aussi sauvage qu'insaisissable.

Ici vous le voyez dans un de ses rôles favoris: le boudeur. Coup rentré dans les épaules, bec pincé, plumes ébouriffées.

C'est l'hiver, le héron a froid.

Quelques instants après, vexé par ce que je viens de dire, ce n'est plus le même. Il s'est déplié, il s'est envolé, il est majestueux.

Il rentre chez lui et n'ouvrira à personne.

Enfin, il n'ouvrira à personne jusqu'au printemps!

Alors là, tout change. Le héron se réveille, se lisse les plumes et commence à se dire qu'un beau nid propre pour accueillir sa héronne serait une bonne idée et la moindre des choses. Il faut dire qu'il a eu tout l'hiver pour y réfléchir!

Le voilà donc parti acheter du bois au magasin de bricolage du coin (c'est bien fléché).

Et une fois l'affaire dans le sac, notre héron doit aussi s'occuper de nourir Madame qui couve.

Et c'est pas fini, après ce sera partie de pêche pour les enfants.

Regardez bien son expression sur la photo...je me demande s'il ne commence pas à regretter!

Si le héron cendré est cendré, le héron pourpré est pourpre. D'où son nom!

Il est magnifique, rare et magnifique. Alors quand il se montre, c'est la cerise sur la gâteau et même les moustiques ne piquent plus.

Dans la famille des hérons, je vous présente le garde-boeuf. Celui-ci se trouve beau dans son plumage nuptial, son habit de fête.

Ce petit héron blanc tire son nom de ses habitudes alimentaires. Non, ne me faîtes pas dire qu'il aime un bon steak!

Il se contente de grapiller sa nourriture au milieu du bétail dans les pâtures.

La Charente Maritime a la chance et l'honneur d'abriter plusieurs colonies mixtes de hérons nicheurs.

Et d'autres aussi plus solitaires et plus rares comme le Crabier chevelu, tellement discret que même son nom est mystérieux.

Plus oie que canard, le Tadorne de Belon n'est à nul autre pareil.

Ici une femelle est poursuivie par 2 mâles, situation courante dans le règne animal...dont l'homme fait partie, je vous le rappelle.

Et là vous vous dites: "mais comment fait-il pour connaître de si loin le sexe de ces volatiles qui sont identiques". 

Vous voulez le savoir? Ben je vais vous le dire.

En période de nidification, le mâle Tadorne se reconnaît au tubercule frontal rouge que la femelle n'a pas.

Allez, agrandissez la photo, regardez et maintenant vous pouvez faire le malin avec vos enfants si vous croisez la bête.

Ah, quelques minutes après un mâle est repassé seul dans l'autre sens.

Je pense que c'est lui qui a perdu.

Allez, pleure pas Gérard, une de perdue....

11h10 Dimanche de Pâques dans le marais.

Un colvert file comme un malade au dessus de la roselière.

Explication: il est déjà en retard pour la messe.

Si vous avez une autre idée, je suis preneur.

12h20 Dimanche de Pâques dans le marais.

Retour de la messe en couple.

Vous noterez que, compte-tenu de son retard à l'aller, Monsieur Colvert a trouvé plus pudent de ne pas s'arrêter au bistrot sur la route du retour.

Ah le Grand Cormoran. L'oiseau détesté par tout bipède estimant que le poisson est sa propriété privée.

Je vous concède que le cormoran peut être pénible. Il plonge souvent en bande, nage sous l'eau le bec ouvert et chope tout ce qui se trouve sur sa trajectoire.

Mais voilà, personne n'a dit au cormoran que l'on est au 21° siècle. Que c'est fini le temps de la nature sauvage, de l'artisanat et de la place pour chacun. Personne ne lui a dit que les étangs sont privés et réservés aux pêcheurs qui payent cher leur droit d'entrée et leur équipement digne de la Nasa. Que les rivières sont réservées aux truites domestiques livrées en pâture aux sus-nommés. Que les piscicultures sont réservées aux élevages à la farine pour les poissons de congélateur.

Le gros défaut du cormoran n'est donc pas de se nourrir goulûment mais de ne pas se tenir au courant de l'actualité et de l'évolution.

Je propose donc de fonder une association qui demandera des sous à tout le monde pour financer un abonnement  à quelques journaux d'actualité qui seront distribués gratuitement dans chaque colonie de cormoran.

Comme çà, pourront plus dire qu'ils ne savaient pas!

Et si çà ne marche pas???

Ben c'est qu'ils ne savent pas lire!

Allez, maintenant que je me suis défoulé avec le cormoran, on passe à plus léger, plus gracieux.

Je vous présente Ginette l'avocette, reconnaissable entre mille avec son bec retroussé.

Elle aussi porte bien son nom. Quelle élégance, quelle grâce que ce soit en vol ou à terre.

Bec plus court que l'avocette mais pattes plus longues. Tellement longues, tellement fines que je me demande comment l'oiseau peut tenir en équilibre.

Ces interminables pattes lui servent à chercher sa nourriture dans des eaux plus profondes que l'avocette qui précède ou le chevalier qui suit, évitant par là même toute concurence.

Quand l'échasse a encore pied, les autres pleurent déjà leur mère pour avoir une bouée.

Le voilà ce petit chevalier répondant au doux et évocateur nom de "gambette".

Il fréquente les mêmes milieux que l'échasse et l'avocette,  les voir tous les trois ensemble est un régal.

Un régal pour moi de vous avoir fait découvrir quelques espèces de ces marais côtiers à la fois si riches et si fragiles.

Vous avez bien compris que la richesse d'Oléron n'est pas que de plage et de soleil.

Tout un petit peuple y vit depuis des millénaires et ne demande qu'à y rester encore longtemps, même lorsque vous en serez partis.

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